France 18ème siècle : Une frontière sanitaire, Le Mur de la Peste.

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Le mur de la Peste est un rempart édifié dans les monts de Vaucluse afin de protéger le Comtat Venaissin de la peste qui frappa Marseille et une partie de la Provence en 1720-1722.

S’étirant sur 27 kilomètres, il est bâti en pierre sèche. Le long de ce mur, des guérites en pierre sèche accueillaient des gardes.

C’est l’architecte, ingénieur et cartographe carpentrassien Antoine d’Allemand qui en définit le tracé, comme il l’indique lui-même dans son Mémoire des ouvrages que j’ai faits et ordonnés depuis 1700 conservé à la bibliothèque Inguimbertine :

« En 1720 je traçois depuis Saint-Hubert jusques à Saint-Ferreol les limites entre le Comtat Venaissin et la Provence, une ligne de 18 000 toises dont 6 000 toises faites avec un parapet de terre et un fossé au devant, et 2 000 toises avec des murs faits en pierre sèche.
En 1720 (j’ai fait) le plan de cette ligne depuis Saint-Hubert jusques à Saint-Ferréol et de là en suivant la Durance jusques à son embouchure dans le Rhône et en remontant le Rhône jusques à Avignon dont la longueur est de 14 lieues. »
En mai 1720, la « Grande Peste » fut apportée, à Marseille, par le Grand Saint Antoine, dont l’affréteur, l’échevin Jean-Baptiste Estelle, malgré un décès suspect signalé par le capitaine Jean-Baptiste Chataud, voulut absolument débloquer sa cargaison pour commercialiser ses soieries à la foire de Beaucaire qui débutait le 20 juillet. La peste ne fut officiellement déclarée que 67 jours après l’arrivée du navire.

En mars 1721, pour limiter la propagation de la maladie que les restrictions de circulation ne parviennent pas à contenir, le royaume de France, les territoires pontificaux d’Avignon et du Comtat Venaissin décident de se protéger par une ligne sanitaire matérialisée par un mur de pierres sèches entre la Durance et le mont Ventoux, et gardé jour et nuit par les troupes françaises et papales empêchant tout passage. Les habitants furent ainsi réquisitionnés pour son édification, le mur devait empêcher toute relation entre le Comtat Venaissin et le Dauphiné encore épargné.

Malgré les barrières naturelles que représentaient la Durance, le Rhône, le Verdon, le Var, l’Eygues et l’Orb, auxquelles s’ajouta le « mur de la Peste », on a pu calculer que l’épidémie se déplaçait de 45 kilomètres par mois, en zone peuplée, avec des différences allant de 35 à 50 km/mois[réf. nécessaire]. Mais si le fléau atteignit les Préalpes et le Gévaudan, il ne dépassa pas Orange dans la vallée du Rhône et il s’arrêta aux portes de Saint-Genest-de-Beauzon, près de Largentière.

La peste atteignit Apt, le 25 septembre1, et Carpentras le 24 octobre 1720, où l’on exposa les reliques de saint Siffren et le Saint-Clou pour éloigner le fléau. Un an plus tard, à Méthamis, le 21 septembre 1721, le bureau de santé ordonnait :

« Que ceux des habitants qui voudraient aller travailler à la vendange hors du terroir ne pouvaient aller qu’à Carpentras ou autres lieux plus proches ; qu’à leur retour ils apporteraient une attestation des personnes chez qui ils auraient travaillé et le nombre de jours qu’ils auraient travaillé chez chacun, au défaut de laquelle attestation ils ne seraient plus reçus dans le lieu2. »

D’une façon générale, en ce temps de vendanges, les raisins ne pouvaient attendre et de nombreux consuls ou bureaux de santé remirent aux vendangeurs de leur commune une « carte marquée aux armes de la ville » leur servant de laissez-passer.

Le vin trouva une place prépondérante parmi les désinfectants ou les médications. Durant toute la période 1720-1721, on conseilla des vins légers bus avec de l’eau pour ne pas enflammer le sang. Les vins blancs étaient recommandés. Pour désinfecter les lieux touchés par la peste on se servit du vinaigre des quatre voleurs.

Comme curatif, l’apothicaire de Ménerbes se chargea de fournir en thériaque une partie des communes de la vallée du Calavon. Le 12 août 1722, la peste finie, les consuls de Goult qui en avait acheté pour 340 livres lui renvoyèrent leur stock avec une indemnisation de 40 livres, mais par précaution, en gardèrent pour 20 livres.

Il y eut 126 000 morts en Provence, Comtat et Languedoc. En Provence, 81 communautés furent atteintes et sur une population de 293 113 habitants, il y eut 105 417 morts (36 %) ; dans le Comtat, 6 communautés, soit 36 641 habitants et 8 062 morts (22 %) ; en Languedoc, 84 communautés, soit 12 597 morts pour 75 377 habitants (16,7 %). Marseille, la première touchée, perdit la moitié de sa population, soit 50 000 morts.
Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0. Source : Article Mur de la peste de Wikipédia en français (auteurs)

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