Six candidats, dont trois Africains, sont en lice dans la course à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), une institution attaquée par Washington et en proie à d’énormes défis en pleine crise économique mondiale.
Les candidatures sont bouclées mercredi avec six candidats pour prétendre à la succession du Brésilien Roberto Azevedo: un Mexicain, un Egyptien, une Nigériane, un Moldave, une Sud-Coréenne et une Kenyane, cette dernière ayant déposé son dossier dans la nuit.
En plein marasme économique mondial causé par la pandémie de Covid-19, plusieurs chantiers de taille attendent le futur patron de l’OMC: préparer la conférence ministérielle de 2021, donner un coup de fouet aux négociations qui piétinent, et surtout tenter de relancer le dialogue au plus bas avec les Etats-Unis.
Washington a menacé de quitter l’OMC, qu’il qualifie de « gâchis », et paralyse depuis décembre le tribunal d’appel de l’organe de règlement des différends (ORD) de l’OMC.
Les Etats-Unis, qui s’estiment traités « inéquitablement » par le gendarme du commerce mondial, réclament sa refonte, ainsi que le retrait de la Chine de la liste des pays en développement.
C’est dans ce contexte que M. Azevedo a annoncé à la surprise générale mi-mai qu’il quitterait ses fonctions fin août, un an avant la fin de son mandat, pour « raisons familiales », obligeant les 164 membres de l’OMC à lui trouver un successeur en trois mois au lieu de neuf.
La procédure de désignation du chef de l’OMC n’est pas une élection mais un mécanisme consensuel qui fonctionne par élimination.
Un vote est possible en tant que procédure de dernier recours mais il n’a jamais été utilisé. Ainsi, en 1999, les pays n’avaient pas pu se mettre d’accord et avaient choisi deux directeurs en divisant le mandat en deux exercices, de trois ans chacun.
En pleine recrudescence des tensions internationales entre les Etats-Unis et la Chine, l’entreprise s’annonce également périlleuse cette année.
« Si le processus de désignation du prochain directeur général est fortement politisé, cela pourrait avoir un effet bloquant », relève ainsi une source diplomatique.
Sans consensus, l’un des vice-directeurs de l’OMC prendra les rênes par intérim.